J'ai pas eu de M2

Cette page regroupe tous les épisodes de la série "J'ai pas eu de M2".

Introduction 

Catastrophe !! Le monde est prêt à s'écrouler sous mes pieds. Je n'apparais pas dans les listes d'admission du dernier Master 2 auquel j'ai candidaté. Que va-t-il se passer ensuite ?
C'est un moment difficile à vivre, et j'aimerais savoir pourquoi ? Tout d'abord, je pense immédiatement au fait que je n'aurai peut-être pas de seconde chance l'année prochaine pour intégrer un M2. J'ai peur qu'après tant de travail et de sacrifices donnés pour la psychologie, tout soit remis en question et n'aboutisse en fin de compte qu'à une réorientation en-deçà de mes ambitions. C'est un sentiment d'échec qui ébranle mon amour propre voire un sentiment de colère contre l'université, le système, même tous ceux qui sont "passés" (on ne sait pas vraiment comment n'est-ce pas ? ;-)). Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Il va falloir faire quelque chose de cette année qui s'annonce bien vide de projets. 
  1. Après l'échec...
  2. Chercher un stage
  3. Être en phase avec son projet pro
  4. DU or not DU ?

Après l'échec...

Si vous êtes dans ce cas, sachez que cet échec relatif n'est pas si négatif qu'il n'en parait a priori. Une année s'offre à vous pour vous étoffer, pour vous affuter, pour donner un sens plus concret à votre avenir, pour donner plus de sens à votre vie personnelle et intime. Vous trouvez sans doute cette affirmation bien optimiste et trop décalée de votre réalité, attristée par la nouvelle de non-admission. Ce que vous voulez c'est être psychologue en définitive, du coup ça ne vous avance pas beaucoup dans l'histoire tout ça... et pourtant.

Oui, vous partez d'un échec donc les choses ne sont pas roses en soi au début. Ce qui peut poindre sur le nez de l'étudiant ce sont les gros moments de blues, de la déprime voire de la dépression. Cela vient en grande partie de cette impression de vide qui envahit l'avenir (bien tracé depuis plusieurs années, auquel on s'est efforcé de croire malgré les incertitudes) et qui envahit peu à peu le quotidien. Difficile d'imaginer que des milliers d'étudiants vont faire leur rentrée et que soi-même on en a pas le droit, difficile de se motiver à remplir ses journées alors qu'on veut tout simplement être en cours, en toute quiétude, comme il en a été jusqu'à maintenant. Vous vivez en quelque sorte les affects du chômeur et cette situation est difficile à gérer pour tous. Alors que faire ? 1) Combler le vide 2) Combler le vide intelligemment
Premièrement, savoir s'entourer, ne pas se laisser tenter par l'isolement physique et relationnel. Votre famille, vos amis, vos camarades, peuvent venir vous voir plus fréquemment (mais pour cela il faut déjà que vous leurs ayez dit que vous en avez besoin). Leur présence est une chose qui ne résout rien pour votre avenir professionnel, mais, et c'est déjà beaucoup, elle vous donnera des forces pour établir et mettre en application votre stratégie pour l'année à venir. Dès la rentrée de septembre, le grand problème est le manque de rythme hebdomadaire. Il remplace brutalement les emplois du temps universitaires qui avaient l'avantage de bercer chaque trimestre. Si vos semaines ne sont pas programmées et sont dépourvues d'objectifs, ce peut être très dommageable pour le moral. Chaque soir, anticipez ce que vous avez à faire le lendemain. Chaque journée, fixez-vous un temps de travail effectif. Mais reste à savoir ce que peut être ce travail.

Il faut maintenant profiter de cette année pour qu'elle devienne, dans les faits et surtout pour vous, une valeur ajoutée à votre profil d'étudiant psycho futur professionnel et une source de satisfaction personnelle.

La solution la plus employée : ne pas tarder suite à l'annonce de non-admission à s'inscrire à une formation en psychologie ou explicitement complémentaire de votre cursus LMD. En effet, il faut avant tout vous dire que votre candidature a péché, quelque part, et il faut l'accepter même si vous vous y refusez encore, puis chercher d'où vient le problème. (Un appel téléphonique aux jurys de Master qui vous ont évincé de la course pourrait être une source de réponse bien appréciable, mais sachant bien que ces derniers sont légalement définis comme souverains et leurs décisions irrévocables. Cela vaut le coup d'essayer.)
Une fois que vous avez effectué cette recherche sur les lacunes de votre profil de candidat, il serait ensuite intéressant de mettre tout en œuvre pour les combler.



Chercher un stage


Vous n'avez pas eu de M2 cette année, malgré tous vos efforts et toutes vos espérances. Que faire pour vous remettre dans la course ? 

Si par rapport à la concurrence, il vous manque de l'expérience de terrain (c'est fréquent), il vous faut donc réaliser des stages en institution ou entreprise selon la spécialité recherchée. Malheureusement, un stage professionnel de niveau M1 nécessite une convention tripartite signée entre l'institution, le stagiaire et l'organisme tiers de formation. Problème : Comme vous avez déjà validé votre M1 il ne vous est donc pas possible de vous y réinscrire cette année.
  • Si je me réinscris dans une autre spécialité ça marche ... ?
    Tout dépend si vous avez modifié votre projet professionnel. Si vous pensez que le type de M2 que vous aviez visé ne vous correspond pas forcément, ou que vous trouvez dans une autre spécialité un parcours professionnel intéressant, oui pourquoi pas si ce choix n'est motivé que par dépit. Par contre, si vous maintenez ferme votre projet, le choix d'un autre Master ne sera pas forcément pertinent et aura beaucoup de chance de vous mettre des bâtons dans les roues car on vous demandera de réaliser un stage en lien direct avec la spécialité choisie et donc plus éloigné de l'esprit du M2 désiré. Enfin, si ce M1 "de seconde chance" choisi est proche de votre spécialité désirée, c'est risqué et il faut bien en discuter avec le responsable de ce Master qui pourra vous conseiller ou déconseiller ce choix.
  • ... ou une année inférieure ?
    Je déconseille pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il est peu probable que l'université vous accepte dans un niveau inférieur à votre qualification. Vous ne trouverez aucun intérêt personnel et professionnel dans le contenu des cours. Et si vous imaginez ne pas assister aux cours, le stage que l'on vous accordera ne sera pas de niveau M1 et donc décrédibilisera votre CV.
  •  Ai-je forcément besoin d'être inscrit en université pour avoir le droit de faire un stage ?
    Non. Pôle Emploi a déjà fourni des conventions dans des conditions très spécifiques. Il faut vous renseigner auprès d'eux. Vous pouvez aussi faire un stage sans convention, mais cela frise l'illégalité et vous ne pourrez le faire valoir lors du jury M2 par le biais d'une attestation. Vous pouvez autrement être embauché en tant qu'employé dans une institution en lien avec votre spécialité et votre population, mais ce ne sera pas en tant que psychologue, donc ce sera au rabais de ce que peut valoriser un stage M1 psychologie. Donc vous l'aurez compris, c'est principalement l'université qui est la mieux placée pour délivrer un stage bénéfique pour vos prochaines candidatures.
  •  Que me reste-t-il comme possibilités ?
    Il y en a d'autre c'est sûr et je ne les connais pas toutes. La solution la plus populaire dans votre cas est de choisir un Diplôme Universitaire, dit D.U
 Mais avant de choisir un D.U ou une institution pour un stage, il est obligatoire de s'assoir confortablement, de prendre une tasse de café, de mettre de la musique d'ambiance, et mettre votre cerveau en marche. Vous êtes en condition pour faire le point sur votre vie, sur votre vision de l'avenir, et pour vous mettre en phase avec votre projet professionnel.

Être en phase avec son projet pro

Pour votre cas, le choix du DU est très important et doit être fait une fois votre projet professionnel établi et verrouillé. Selon moi, une fois votre orientation prise, vous la défendrez bec et ongles jusqu'à votre première prise de fonction en tant que psychologue. Lors du jury de M2 on vous attendra au tournant sur la cohérence de votre parcours effectué, et par prolongement sur la cohérence de votre projet professionnel.

En préambule, les premières questions à se poser :


Ce que je veuxPourquoi ?Pour quoi ?Ce que je ne veux pasPourquoi ?
Quelle(s) population(s) ?...............
Quel(s) secteur(s) d'intervention ?...............
Quelle(s) orientation(s) théorique(s) ?...............

Un projet professionnel :
  1. Est professionnel ET personnel. 
  2. Est de qualité s'il est cohérent
  3. Est construit en connaissance du contexte professionnel
  4. Doit pouvoir être défendu par une argumentation pertinente
  5. Est en constante évolution
Et vous dans l'histoire ?
Votre projet est une construction basée sur votre anticipation de l'avenir mais doit aussi intégrer toutes vos précédentes expériences : ce qui vous a séduit pour être amené à choisir les études de psychologie, vos stages effectués, vos jobs d'été, mais aussi les questionnements que vous avez eu et qui ne touche pas directement la psychologie. Tout étudiant en psychologie qui accède au niveau Master possède en lui une énergie qui lui est propre, et il faudrait dans l'idéal que cet étudiant la saisisse et sache la faire apparaitre dans son projet pro et ces futures candidatures de stage ou d'emploi. C'est pourquoi je pense qu'il est pertinent de faire un travail sur soi, aidé d'une analyse ou non. Et cette année qui s'offre à vous en fournit une occasion idéale ! Cette année peut être abordé comme un virage de votre vie, (non comme un tournant, = changement de direction)... excitant n'est-il pas ?!!

Dans le cas où votre parcours n'est pas cohérent à première vue ?
Celui-ci possède néanmoins un sens et dit quelque chose de vous : difficile de croire que vous vivez passivement votre vie. Au contraire vos choix et vos expériences, qu'importe lesquels, sont guidés et réalisés par une même envie, ils ont déjà contribué à la construction de votre identité de psychologue, peut-être sans que vous vous en aperceviez. Cela peut vous paraitre très abstrait comme réflexion. Cela l'a été pour moi en tous cas ! J'ai eu beaucoup de difficulté à comprendre mon propre parcours, à me l'approprier, à en être fier, à le mettre en phase avec ce qui est attendu en jury.
Vous avez la possibilité de faire un super test (enfin cela l'a été pour moi) :
Réalisez votre CV professionnel en détaillant vos stages (ce qui vous y avez fait, l'idée du stage ou son thème), vos compétences (sait passer un entretien, sait utiliser tel ou tel test, sait mener un groupe, sait écrire des compte-rendus, sait administrer des questionnaires, etc.), vos centres d'intérêt, vos qualités personnelles, vos qualités professionnelles, vos différents jobs. Demandez ensuite à votre entourage plus ou moins proche de lire ce CV, de vous le raconter et de définir à partir de celui-ci votre profil. Eh oui, bien souvent ce sont les autres qui sauront le mieux synthétiser votre parcours, qui auront un point de vue simplifié et objectif vous apportant de nouvelles clés de compréhension, sans même savoir ce qu'est la psychologie. La cohérence vous la trouverez à mesure de faire des liens, des associations, des parallèles entre chaque ligne de votre CV. Vous devez être incollable sur ce CV, vous le connaissez par cœur, rien n'a de secret pour vous.

Comme un jeu de LEGO® :
Pour donner de la force à votre projet, il vous faut aussi connaitre les problématiques actuelles de votre champ d'application ou de votre spécialité (handicap, fatigue au travail, psychose, accueil de personnes fragilisées, etc.). Cette année, vous avez beaucoup de temps de libre donc vous avez l'opportunité de vous renseigner sur la psychologie d'une autre façon que lors des cours : abonnement à des mensuels spécialisés, participation à des conférences ou colloques, rencontre et interviews de professionnels (qui apprécient souvent la démarche). Votre projet doit devenir en somme une réponse possible à un besoin du terrain, comme une pièce qui s'imbrique sur une construction préexistante ou qui relie plusieurs constructions. C'est le côté charmant de votre projet, une arme de séduction massive.

Il ne suffit pas qu'il soit bien construit, faut-il encore pouvoir le vendre !
Au jour d'aujourd'hui, je pense que la plupart des jurys M2 veulent, avant tout, avoir l'impression que le candidat sait où il met les pieds, qu'il donne l'impression d'une personne difficile à déstabiliser, et qu'il sache se vendre en face de professionnels. Oui, donner l'impression ... en somme nous sommes dans le paraitre ! Alors que nous parlions de fond voilà que je parle de forme ! La forme est très importante en jury, car elle l'est également dans le monde professionnel, notamment lors des entretiens d'embauche qui sont très sélectifs. Membres du jury, recruteurs, ont en face d'eux des candidats qui ont tous une grande valeur car ils ont à peu près le même niveau de formation, des parcours difficiles à comparer car tellement variés et tous intéressants. Ils ont de surcroit très peu de temps et d'éléments pour faire leur choix. C'est pourquoi ce choix final repose des fois sur des critères plus officieux qu'officiels : charisme, assurance, bagout, jovialité, politesse, présentation physique, etc.
Un enseignant-chercheur qui était présent dans mon jury de M2 et qui m'a sélectionné a pu confier plus tard à toute la promo M2 quelque chose comme ça : "une chose est sûre, un étudiant qui bafouille devant vous, qui a des trous de pensée, qui ne peut pas aligner deux phrases correctes, comment lui donner une chance ? Non, c'est au revoir." Là il n'est plus question de projet professionnel. Qu'en pensez-vous pour votre cas ?

Je reparlerai du projet professionnel et de ce dernier point particulier à l'abord de l'entretien d'admission.

 DU or not DU ?

Revenons sur les suites de la non admission en M2. Une année vide s'offre à vous et il faut la combler rapidement. Entre autres solutions, l'inscription en Diplôme d'université est un moyen souvent choisi par les étudiants pour valoriser leur prochaine candidature aux jurys d'admission M2 l'année suivante.

Qu'est-ce qu'un Diplôme Universitaire (DU, dit "Dé-U") ? Disons que c'est un diplôme proposé en marge du cursus Licence-Master-Doctorat dont les modalités d'admission, de niveau, de durée, d'examen, sont variables selon les facultés qui le proposent. En effet, tout DU ne se ressemble pas. Il est initié et créé par la faculté qui le dispense, et de ce fait il est directement lié à ses spécialités et spécificités théoriques et pédagogiques.

Par exemple, l'université de Bordeaux 2 possède cette année près d'une dizaine de DU relatifs à la psychologie.
  •     DU psychologie du sport : évaluation, prévention et promotion de la santé
  •     DU sciences neuropsychologiques
  •     DU enfance, santé et société
  •     DU ressources humaines et psychologie des organisations
  •     DU psychogérontologie clinique et pathologique 1ère année
  •     DU psychologie interculturelle 
  •     DUS sciences neuropsychologiques interventions rééducatives et réadaptation du handicap cognitif
  •     DU étude interdisciplinaire de la famille
  •     DU ergonomie : optimisation des systèmes de travail
Des axes principaux ressortent de ces DU (santé, handicap, famille, etc.) et correspondent le plus souvent aux axes de recherche menés par les laboratoires de psychologie de cette université. Vous avez un large choix sur la France entière : ne comptez pas les kilomètres et optez non pas pour le DU le plus proche mais pour celui le plus en cohérence avec votre projet professionnel. Il en va de la réussite de ce projet professionnel.

Avantages et inconvénients
Obtenir une formation spécialisée, validée par un diplôme valorisable sur le marché de l'emploi.
Souvent ouvert à des professionnels et étudiants de différentes disciplines, ce qui apporte un esprit d'ouverture non négligeable pour l'avenir professionnel et le travail en équipe.
Au contraire d'une année de Master, il est dispensé sur un plus petit nombre de jours, par exemple sur 1, 2 ou 3 jours regroupés dans le mois ou deux fois par semaine. Ceci permet d'effectuer d'autres activités en parallèle : job alimentaire, stages, bénévolat, associatif, etc.
Permet de ne pas perdre son activité de réflexion et de rester dans le "bain"
Permet de réaliser des stages pour compléter votre formation
Montre aux prochains recruteurs la motivation de l'étudiant d'avancer et de s'auto-former

Mais il a aussi un coût non négligeable. Le montant d'inscription est très variable selon les spécialités et les universités. Il est souvent question d'une plusieurs centaines d'euros. A vérifier, mais le DU ne permet pas à l'étudiant de percevoir une bourse sur critères sociaux car il n'entre pas dans le cadre de son cursus initial LMD. En plus de cela, si le choix du DU est sérieux, l'étudiant sera probablement amené à effectuer des déplacements réguliers en voiture ou en train, prévoir aussi un hébergement.

Cette formation peut se dérouler sur une année civile, il commence en janvier et sa validation se fait habituellement en fin d'année, en décembre, sous forme de partiels. Prévoyez dans ce cas, un chevauchement probable  premier semestre M2 / fin d'année DU.

L'hébergement
Personnellement j'ai opté pour l'auberge de jeunesse, une solution très économique et souple, peu confortable il est vrai mais c'est tolérable car les séjours sont courts. Par exemple, je payais 11 euros la nuit avec le petit déjeuner inclus. La fréquentation et le remplissage des auberges de jeunesse augmente souvent en fonction des périodes de vacances et de tourisme étranger : réserver en avance.
Il existe d'autres solutions : hébergement chez la famille / un(e) ami(e), location à la semaine ou hôtel.

Le transport
Prévoyez bien le coût du transport dans votre budget avant de choisir votre DU. Il peut être très important (certains de mes anciens collègues devaient même prendre l'avion). Conseils bateaux : carte de fidélité SNCF, covoiturage.

La charge de travail
Je n'ai pas assez de recul pour parler de ce qu'il en est pour tous les DU. Selon mon expérience, la seule charge de travail que j'ai du assurer en plus des cours était la rédaction d'un rapport de stage et d'un mémoire en fin d'année.

Les stages
Nous l'avons dit, un des principaux intérêts de cette formation est le droit accordé à la réalisation de stages conventionnés de niveau Master. Profitez-en ! Multipliez autant que possible vos stages, capitalisez pour l'avenir. Bien sûr, les difficultés pour trouver une institution d'accueil sont toujours là. Si possible, n'acceptez pas les stages d'observation, qui n'ont plus de sens au niveau Master.
Le DU vous donne plusieurs jours de libre pour effectuer vos stages, c'est quand même un luxe dont les étudiants de M1 ne jouissent pas à coup sûr dans la plupart des universités.

Donc le diplôme d'université, malgré ses quelques inconvénients, est une bonne solution pour qui bénéficie d'une année de libre et désire ajouter une plus-value à son CV en vue de futures candidatures.


Accéder au M2

Ça y est, nous y sommes enfin. Comment l'avoir ce M2 en pratique ? Pourquoi certains seront admis du premier coup et d'autres butteront chaque année face à un mur infranchissable ? Je n'ai malheureusement pas de solution mais peut-être quelques propositions utiles, issues de ma petite et fraiche expérience. Voilà un "petit" chapitre dont les maîtres mots seront préparation, opportunisme, réalisme et croisement de doigts !

Quand on est en Licence, l'admission en Master 2 nous parait bien loin. On a d'autres chats à fouetter avant de se retrouver confronté à ce problème. C'est une fois en M1 que les étudiants commencent à prendre les choses en main, mais il est souvent et malheureusement trop tard. Pour reprendre ce qui s'est dit dans les précédents chapitres de ce blog, votre candidature en M2 doit être l'aboutissement d'une construction de projet s'inscrivant dans la cohérence, la durée et intégrant les principaux éléments conjoncturels.
En Licence, depuis la première année de psychologie, l'université vous informe des modalités de réussite aux examens universitaires de contrôle de connaissance (cf. guide de l'étudiant), vous savez donc pourquoi vous pouvez échouer ou réussir vos partiels. En revanche, à la fin de votre M1, les règles ne vous sont plus exposées, on vous demande tout simplement de postuler à un M2 sans aucune remarque particulière, à part peut-être "c'est sélectif donc multipliez vos candidatures". En gros, foncez ! Mais où et comment rien n'est moins sûr...
Les étudiants plus pessimistes chercheront quelques informations via internet ou leur entourage pour augmenter leurs chances de réussite ; les plus optimistes feront simplement leur petite démarche administrative : écrire deux pages et remplir un dossier, sans trop s'inquiéter.
Vous l'avez compris, avoir réussi haut la main tous vos partiels ne vous assurera pas, en vue du M2, votre place au niveau supérieur.
La constitution de votre candidature devrait selon moi prendre en compte plusieurs choses (en plus des pièces demandées) :
  • La connaissance de vos lacunes
  • La connaissance des particularités et spécificités de l'université à laquelle vous postulez
  • La prise en compte d'avis d'anciens étudiants du M2 désiré
  • Une mise en forme attrayante
  • Et, cerise sur le gâteau, un contact personnel avec au moins un des enseignants du Master en question.
  1. Concernant vos lacunes : Il faut apporter la réponse à vos points faibles avant d'attendre une réponse négative des recruteurs. Oui, c'est souvent le cas pour chacun d'entre nous, fermer les yeux sur nos "imperformances" est toujours le plus confortable pour notre ego.En candidature sur dossier (première étape du processus de recrutement), il n'y a pas d'échange mais juste une bille à faire entrer dans un trou : les professionnels ont des attentes précises, ont souvent en tête un profil-type du bon candidat, et ne vont pas sonder votre dossier à la recherche du positif. Ce positif doit être visible et prêt à consommer en quelques secondes !
    Exemples :
    Il vous manque de l'expérience pratique ? Profitez de l'année en cours pour vous inscrire en DU, pour suivre des formations et assister à des colloques / conférences, investissez vous dans du bénévolat (il y a souvent des propositions d'aide non rémunérée pour les personnes handicapées, l'aide au devoir, etc.) ou dans une association. Au manque d'expérience en psychologie vous répondez "expérience valorisable ailleurs". Cette stratégie, il ne faut pas se leurrer, ne fera pas d'un mauvais dossier un bon, mais elle vous apportera des sympathies déterminantes lorsque votre candidature sera en balance avec une autre.
    Vous n'êtes pas sûr de votre projet professionnel ? N'hésitez pas à échanger avec des pairs et des psychologues sur des forums dédiés qui pourront peut-être vous aider et vous repositionner. Il me semble qu'il n'est jamais trop tard de réinterroger son projet professionnel, même si ce dernier vous a animé pendant des années et si vous vous y êtes vu et identifié. Un projet inhabité peut faire tache dans votre candidature.

    Vous manquez d'assurance ? Je vous passe le conseil très usuel de vous inscrire à des cours de théâtre, je n'aime pas le théâtre. Les Maisons de l’Étudiant des université peuvent proposer à tout étudiant une formation au recrutement M2. Dans certaines facultés ce service est bien connu des étudiants qui n'hésitent pas à en profiter, dans d'autres ce n'est pas le cas. Généralement, la ME (ou la structure équivalente) vous propose un atelier conception de CV et lettre de motivation, et un atelier simulation d'entretien par des professionnels qualifiés et qui connaissent d'assez près la réalité des jurys M2 de votre fac. C'est gratuit, il n'y a pas de jugement, pourquoi s'en priver ?

    Vous n'avez pas le moral, vous n'êtes pas bien dans vos baskets ? (a parte : Pour ceux qui s'orientent vers le soin, je dirais que c'est un peu une évidence. Quel futur clinicien rayonne dans son for intérieur ?) Il faut absolument aller bien, ou en tous cas le montrer clairement, devant le recruteur. Soit vous pensez que vous allez pouvoir faire illusion, ça peut se tenter ; soit vous vous faites aider (travail personnel, aide de l'entourage). Quoi qu'il en soit, gardez à l'esprit qu'un candidat qui fait trop transparaitre son mal être n'est pas séduisant et se pénalise d'emblée. Les recruteurs n'ont pas à faire de la compassion et ne vont pas, encore une fois, faire des efforts pour extraire en vous vos valeurs cachées.

  2.  Les spécificités de l'université : Comme déjà dit précédemment, toutes les universités ne se ressemblent pas. Les informations facilement accessibles pour "orienter" votre candidature sont :
    • le nombre de places ouvertes pour la prochaine promotion M2
    • l'orientation théorique majoritaire des enseignements
    • le nom du responsable de Master et son profil professionnel
    • le programme annuel des enseignements et les thèmes associés.
    Ces infos sont disponibles via internet (mail au responsable ou site de la composante de l'université). De surcroit, il existe d'autres données plus cachées : inscrivez-vous sur le forum étudiant de l'université à laquelle vous postulez - ou le forum de la F.F.P.P. - et recherchez des membres de la dernière promo M2 de votre discipline. Ces derniers pourront vous indiquer :
    • si les candidats retenus sont majoritairement locaux ou nationaux
    • leurs expériences de stage
    • ce qui a joué en leur faveur lors des jurys
    • les pièges à éviter
    • la personnalité des professeurs qui pourraient être en jury cette année
    • la politique du département de psychologie concernant la recherche des stages (faut-il en trouver avant même d'envoyer le dossier de candidature ? Si non, le fait d'avoir une promesse de stage peut-il être un avantage de poids ?)

  3. La mise en forme compte : L'apparence peut valoriser votre candidature, mais cela reste un détail malgré tout. Ce sont surtout la rédaction de votre lettre de motivation (fautes d'orthographes rédhibitoires, style clair et concis) et la conception de votre CV (originalité, esthétisme, clarté et cohérence)  qui doivent être soignés. A travers cela, on pourra interpréter plus ou moins justement, plus ou moins volontairement, votre maturité et votre équilibre personnel. Donc, même si le temps vous est compté et que les candidatures dossier sont des tâches répétitives et pénibles, réservez quelques heures à cet aspect.

  4. Avoir un contact personnel : Nombreuses personnalités dans les hautes sphères de la psychologie universitaire préfèrent recruter une personne connue plutôt qu'un total inconnu, à compétences équivalentes sur le papier. A savoir pourquoi, j'y vois la prolongation du système de réseau déjà tellement présent et installé dans le monde professionnel ; j'y vois aussi l'envie des membres du jury de constituer une promotion a minima agréable pour eux (ils vont se fader la présence et la personnalité de leurs "élus" pendant un an ! Autant alléger les longues heures de travail à venir des éléments potentiellement désagréables).

  5. Bonus ! : C'est le point sur lequel je pourrais me faire taper sur les doigts, mais c'est véridique. Pour quelques uns des enseignants-recruteurs, et cela me dérange énormément, la présentation des candidat(e)s lors de l'oral peut faire (plus que) pencher la balance. Je ne m'étalerai pas sur l'importance de l'esthétisme du candidat, il ne devrait pas en être question, mais faites attention ! Mesdemoiselles, par sécurité, sortez la jupe et les talons ; Messieurs,la chemise est vivement conseillée (bien qu'il y ait généralement moins de recruteur femme).