jeudi 19 janvier 2012

Guerres de chapelles : 1. Au commencement

Début d'un long dossier sur le très classique combat inter - intra - approches en psychologie.
J'entends déjà dire par certains professionnels que refaire un pavé sur le sujet revient à du masochisme contreproductif, d'autres que les problèmes que je m'apprête à décrire datent d'un temps révolu, ... peu importe. Je tiens à livrer mon expérience aux étudiants actuels car quoi qu'on en dise, il n'existe pas encore de véritable débat sur la question de l'unité de la discipline au sein de l'université, encore moins dans le milieu professionnel. Plus qu'une description, j'espère inviter à la réflexion, mieux à une réflexion commune.

Au commencement

Je vais tenter d'illustrer les querelles de minarets au gré de mon parcours à l'université et de mes multiples rencontres avec les enseignants-chercheurs et les étudiants. 

Université François Rabelais à Tours, Licence 1 (ex Deug 1)

"Je veux devenir psychologue" et nous voilà assis sur les bancs de la fac, lancés dans un long parcours du combattant. Qui sait vraiment ce en quoi consiste un psychologue ou la psychologie en L1 ? Certes on en a une idée, un pressentiment, mais qu'en est-il en détail ? La première année de Licence est pour l'étudiant béotien une année de découverte fantastique. On s'y forge une première représentation de la discipline et les enseignants se chargent de nous libérer de nos préjugés, de nos considérations erronées et populaires quant à la psycho. 
C'est une année de désillusions.... car l'image d'un psychologue tout-puissant se craquèle au fil des cours, apprenant sa distinction avec le médecin, l'existence d'une science "molle" et d'une mosaïque de spécialités qui n'ont parfois que peu de choses en commun. 
Après "Le Père Noël n'existe pas", "Mon psychologue n'existe pas".

Quelle tristesse ! Il y a erreur sur marchandise ! Mais poussé par le désir d'en être malgré tout, on doit avancer et enchainer les années qui se profilent droit devant soi. Il est vrai qu'en Licence on est mal placé pour prendre du recul sur la mystérieuse psychologie, à longueur de temps abasourdis par tant de nouveautés et de révélations. On se subordonne à l'enseignement qui nous parait toujours juste et incontestable, faute d'en savoir autre chose : "Lisez tels ouvrages, regardez tel films, faites tels exercices, traitez tels thèmes, etc." Pas de temps pour fouiner ailleurs et s'apercevoir qu'en parallèle de notre déprogrammation consentie on se préparait à nous reprogrammer insidieusement et nous illusionner à nouveau. Le terme est fort, je l'assume et tout ceci concerne la plupart des départements de psychologie français. (A sa décharge, celui de l'université de Tours m'apparait peu enclin à l'idéologie fanatique que je décrirai plus loin). Donc pas le temps ni de motif pour aller ailleurs et penser autrement qu'il nous l'est demandé. Il en va de la validation de notre année et de notre avenir de psy.

L'année de L1 reste pour moi, avec un peu de recul, l'année la plus objective en ce qui concerne la discipline car le programme officiel laisse la place à la majorité des spécialités et tente, sans y parvenir, de faire des ponts entre chacune d'elles. Je me rappelle que cette première année était totalement décousue. Ainsi, après un TD de psychologie cognitive, j'enchainais avec un CM de biologie puis un cours optionnel sur l'épistémologie des textes de Freud. Trois cours pour trois méthodologies et conceptions différentes voire antinomiques. Mais bon on se dit que c'est normal, ou plutôt on en dit rien du tout, on suit le mouvement. 

L'année s'écoule paisiblement et très rapidement. Ma seule inquiétude, comme celle de mes collègues, était celle de passer les deux séries de partiels, si redoutables et à juste titre car seul un tiers de la promotion s'en acquittera au bout du compte. 
Les examens passés et les relevés de notes en main, j'envoie un sms à ma famille et à mes amis pour leur crier ma réussite. Mais au-delà de cette belle victoire, à la fin de la L1 en sait-on vraiment plus sur la psychologie ? Pour mon cas, j'en savais bien moins, doucement inquiété d'un tas de nouvelles questions. Encore des questions, moi qui attendais des réponses à celles que je trainais en bagage depuis des années.

1 commentaire:

  1. Merci pour cet article très intéressant. L'échange de point de vue par rapport aux études universitaires de psychologie ne peut que contribuer à son amélioration et diminuer le phénomène d'idéologie comme cité ci-dessus. J'encourage cette initiative et bravo pour le travail effectué .
    Cordialement Mr.V

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