samedi 22 janvier 2011

"T'as lu combien de bouquins toi ?"

Particulièrement dans le parcours Licence, les enseignants ont pris l'habitude de donner à leurs étudiants une liste d'ouvrages en lien avec le sujet de leur cours. Elle doit permettre à l'étudiant d'aller plus loin que ce dernier, qui n'est finalement qu'une retranscription ultra-synthétique du contenu de tout ce qu'a pu lire l'enseignant. Retranscription, car pour un même livre on peut en faire plusieurs lectures et différentes compréhensions.
La bibliographie peut parfois être tant intéressante que conséquente, à tel point que cela peut décourager d'emblée l'étudiant qui a déjà du mal à travailler ses cours en termes de motivation, d'organisation, de disponibilité, etc.

Alors que j'étais en première année, mes premières questions devant les énormes listes étaient du genre : Il faut lire tout ça ? C'est vraiment indispensable de lire des bouquins alors que les cours sont déjà bien longs et détaillés ? Quels livres je devrais lire en priorité ? Arrive-t-il que les partiels portent sur le contenu de bouquins ? Faut-il en acheter certains ? etc.
Bref, la plupart des réponses des enseignants étaient, en gros, "faites le maximum que vous pouvez". Mais bien sûr Monsieur ! Je pense que c'est le premier élément de la pression implicite du parcours psycho, dont je parlerai plus tard et plus en détail.

Comment l'étudiant peut réagir ?
  1. Je ne lis rien et je me concentre sur les notes prises en cours
  2. Je lis ou je survole si ça m'intéresse vraiment, (donc rarement...)
  3. Je lis un bouquin ou plus si j'ai le temps, au mieux en faisant une fiche de lecture
  4. Je lis tout et prends le temps pour
Après sept ans passés dans le circuit, il me semble évident qu'il ne faille pas TOUT lire. Pourquoi ? 
D'une part car ce serait trop de temps pris sur votre temps personnel : vous n'êtes qu'étudiant ! L'étudiant étudie certes, mais vous n'êtes pas réduits à votre statut et vous avez tout autant intérêt à économiser une bonne partie de votre temps hors-cours pour participer à des activités sportives / ludiques / artistiques ou au pire ne rien faire ! (à ne pas prendre au pied de la lettre non plus ;-)) C'est ce que j'expliquerai à l'avenir, les études de psycho peuvent avoir tendance à vous écraser...
D'autre part, la lecture d'ouvrages prendra tout son sens et son intérêt seulement lors de vos premiers stages ou travaux de recherche. Par exemple : vous retrouverez le mot bibliographie en Master quand vous devrez réaliser un mémoire de recherche (TER). A la fin de votre travail, vous insérerez obligatoirement toutes les références auxquelles vos écrits se rattachent. Cela implique à ce moment que vous ayez lu ces bouquins, plus ou moins rapidement, mais dans une optique de recherche précise sur un thème précis que vous avez choisi personnellement, en cohérence avec votre spécialisation professionnelle actuelle. En somme, le temps pris pour lire tous ces livres était investit de manière éclairée et orientée : je lis celui-ci car j'en ressens le besoin, et car il va me permettre ceci exactement.
Dans ce cas du travail de recherche, lire un maximum d'ouvrages est alors obligatoire et on comprend l'histoire d'amour entre les enseignants-chercheurs et le mot bibliographie ; dans le cas de cours dispensés à la Fac, notamment en licence où l'étudiant tâtonne plus ou moins en ce qui concerne son avenir pro, il me semble que le livre est pour le moment un support de découverte, de prise de recul et d'appropriation du point de vue de l'auteur. Appelons un chat un chat, lire de la psycho est quelque chose de désagréable tant la syntaxe et le vocabulaire sont opaques et scientifiques. Ne soyez pas forcés. Il serait bête de se dégoûter de la discipline de cette manière !

Je souhaiterai terminer ce message en abordant l'intérêt du livre, plus tard, quand l'étudiant sera mis en contact avec la population de son choix, notamment en période de stage (selon les Facultés : souvent à partir de la quatrième année, rarement avant). Tout comme le professionnel, le psychologue stagiaire est souvent mis en difficulté par rapport à ses expériences de terrain. Il peut se trouver en face de situations étranges, inexplicables, qui le mettent en défaut. Le psychologue DOIT ne pas rester dans cette posture et, pour ce faire, il lui faut trouver hors de lui d'autres pistes de réflexion : le collègue professionnel et compétent, l'article ou l'ouvrage scientifiques en lien avec la problématique, etc. Cela constitue le premier pas de l'aller-retour théorico-clinique auquel j'ai accordé tout un chapitre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire