vendredi 25 novembre 2011

J'ai pas eu de M2 : Episode 3. Etre en phase avec son projet pro

Pour votre cas, le choix du DU est très important et doit être fait une fois votre projet professionnel établi et verrouillé. Selon moi, une fois votre orientation prise, vous la défendrez bec et ongles jusqu'à votre première prise de fonction en tant que psychologue. Lors du jury de M2 on vous attendra au tournant sur la cohérence de votre parcours effectué, et par prolongement sur la cohérence de votre projet professionnel.

En préambule, les premières questions à se poser :

Ce que je veuxPourquoi ?Pour quoi ?Ce que je ne veux pasPourquoi ?
Quelle(s) population(s) ?...............
Quel(s) secteur(s) d'intervention ?...............
Quelle(s) orientation(s) théorique(s) ?...............

Un projet professionnel :
  1. Est professionnel ET personnel. 
  2. Est de qualité s'il est cohérent
  3. Est construit en connaissance du contexte professionnel
  4. Doit pouvoir être défendu par une argumentation pertinente
  5. Est en constante évolution
Et vous dans l'histoire ?
Votre projet est une construction basée sur votre anticipation de l'avenir mais doit aussi intégrer toutes vos précédentes expériences : ce qui vous a séduit pour être amené à choisir les études de psychologie, vos stages effectués, vos jobs d'été, mais aussi les questionnements que vous avez eu et qui ne touche pas directement la psychologie. Tout étudiant en psychologie qui accède au niveau Master possède en lui une énergie qui lui est propre, et il faudrait dans l'idéal que cet étudiant la saisisse et sache la faire apparaitre dans son projet pro et ces futures candidatures de stage ou d'emploi. C'est pourquoi je pense qu'il est pertinent de faire un travail sur soi, aidé d'une analyse ou non. Et cette année qui s'offre à vous en fournit une occasion idéale ! Cette année peut être abordé comme un virage de votre vie, (non comme un tournant, = changement de direction)... excitant n'est-il pas ?!!

Dans le cas où votre parcours n'est pas cohérent à première vue ?
Celui-ci possède néanmoins un sens et dit quelque chose de vous : difficile de croire que vous vivez passivement votre vie. Au contraire vos choix et vos expériences, qu'importe lesquels, sont guidés et réalisés par une même envie, ils ont déjà contribué à la construction de votre identité de psychologue, peut-être sans que vous vous en aperceviez. Cela peut vous paraitre très abstrait comme réflexion. Cela l'a été pour moi en tous cas ! J'ai eu beaucoup de difficulté à comprendre mon propre parcours, à me l'approprier, à en être fier, à le mettre en phase avec ce qui est attendu en jury.
Vous avez la possibilité de faire un super test (enfin cela l'a été pour moi) :
Réalisez votre CV professionnel en détaillant vos stages (ce qui vous y avez fait, l'idée du stage ou son thème), vos compétences (sait passer un entretien, sait utiliser tel ou tel test, sait mener un groupe, sait écrire des compte-rendus, sait administrer des questionnaires, etc.), vos centres d'intérêt, vos qualités personnelles, vos qualités professionnelles, vos différents jobs. Demandez ensuite à votre entourage plus ou moins proche de lire ce CV, de vous le raconter et de définir à partir de celui-ci votre profil. Eh oui, bien souvent ce sont les autres qui sauront le mieux synthétiser votre parcours, qui auront un point de vue simplifié et objectif vous apportant de nouvelles clés de compréhension, sans même savoir ce qu'est la psychologie. La cohérence vous la trouverez à mesure de faire des liens, des associations, des parallèles entre chaque ligne de votre CV. Vous devez être incollable sur ce CV, vous le connaissez par cœur, rien n'a de secret pour vous.

Comme un jeu de LEGO® :
Pour donner de la force à votre projet, il vous faut aussi connaitre les problématiques actuelles de votre champ d'application ou de votre spécialité (handicap, fatigue au travail, psychose, accueil de personnes fragilisées, etc.). Cette année, vous avez beaucoup de temps de libre donc vous avez l'opportunité de vous renseigner sur la psychologie d'une autre façon que lors des cours : abonnement à des mensuels spécialisés, participation à des conférences ou colloques, rencontre et interviews de professionnels (qui apprécient souvent la démarche). Votre projet doit devenir en somme une réponse possible à un besoin du terrain, comme une pièce qui s'imbrique sur une construction préexistante ou qui relie plusieurs constructions. C'est le côté charmant de votre projet, une arme de séduction massive.

Il ne suffit pas qu'il soit bien construit, faut-il encore pouvoir le vendre !
Au jour d'aujourd'hui, je pense que la plupart des jurys M2 veulent, avant tout, avoir l'impression que le candidat sait où il met les pieds, qu'il donne l'impression d'une personne difficile à déstabiliser, et qu'il sache se vendre en face de professionnels. Oui, donner l'impression ... en somme nous sommes dans le paraitre ! Alors que nous parlions de fond voilà que je parle de forme ! La forme est très importante en jury, car elle l'est également dans le monde professionnel, notamment lors des entretiens d'embauche qui sont très sélectifs. Membres du jury, recruteurs, ont en face d'eux des candidats qui ont tous une grande valeur car ils ont à peu près le même niveau de formation, des parcours difficiles à comparer car tellement variés et tous intéressants. Ils ont de surcroit très peu de temps et d'éléments pour faire leur choix. C'est pourquoi ce choix final repose des fois sur des critères plus officieux qu'officiels : charisme, assurance, bagout, jovialité, politesse, présentation physique, etc.
Un enseignant-chercheur qui était présent dans mon jury de M2 et qui m'a sélectionné a pu confier plus tard à toute la promo M2 quelque chose comme ça : "une chose est sûre, un étudiant qui bafouille devant vous, qui a des trous de pensée, qui ne peut pas aligner deux phrases correctes, comment lui donner une chance ? Non, c'est au revoir." Là il n'est plus question de projet professionnel. Qu'en pensez-vous pour votre cas ?

Je reparlerai du projet professionnel et de ce dernier point particulier à l'abord de l'entretien d'admission.

dimanche 20 novembre 2011

J'ai pas eu de M2 : Episode 2. Chercher un stage

Vous n'avez pas eu de M2 cette année, malgré tous vos efforts et toutes vos espérances. Que faire pour vous remettre dans la course ? 

Si par rapport à la concurrence, il vous manque de l'expérience de terrain (c'est fréquent), il vous faut donc réaliser des stages en institution ou entreprise selon la spécialité recherchée. Malheureusement, un stage professionnel de niveau M1 nécessite une convention tripartite signée entre l'institution, le stagiaire et l'organisme tiers de formation. Problème : Comme vous avez déjà validé votre M1 il ne vous est donc pas possible de vous y réinscrire cette année.
  • Si je me réinscris dans une autre spécialité ça marche ... ?
    Tout dépend si vous avez modifié votre projet professionnel. Si vous pensez que le type de M2 que vous aviez visé ne vous correspond pas forcément, ou que vous trouvez dans une autre spécialité un parcours professionnel intéressant, oui pourquoi pas si ce choix n'est motivé que par dépit. Par contre, si vous maintenez ferme votre projet, le choix d'un autre Master ne sera pas forcément pertinent et aura beaucoup de chance de vous mettre des bâtons dans les roues car on vous demandera de réaliser un stage en lien direct avec la spécialité choisie et donc plus éloigné de l'esprit du M2 désiré. Enfin, si ce M1 "de seconde chance" choisi est proche de votre spécialité désirée, c'est risqué et il faut bien en discuter avec le responsable de ce Master qui pourra vous conseiller ou déconseiller ce choix.
  • ... ou une année inférieure ?
    Je déconseille pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il est peu probable que l'université vous accepte dans un niveau inférieur à votre qualification. Vous ne trouverez aucun intérêt personnel et professionnel dans le contenu des cours. Et si vous imaginez ne pas assister aux cours, le stage que l'on vous accordera ne sera pas de niveau M1 et donc décrédibilisera votre CV.
  •  Ai-je forcément besoin d'être inscrit en université pour avoir le droit de faire un stage ?
    Non. Pôle Emploi a déjà fourni des conventions dans des conditions très spécifiques. Il faut vous renseigner auprès d'eux. Vous pouvez aussi faire un stage sans convention, mais cela frise l'illégalité et vous ne pourrez le faire valoir lors du jury M2 par le biais d'une attestation. Vous pouvez autrement être embauché en tant qu'employé dans une institution en lien avec votre spécialité et votre population, mais ce ne sera pas en tant que psychologue, donc ce sera au rabais de ce que peut valoriser un stage M1 psychologie. Donc vous l'aurez compris, c'est principalement l'université qui est la mieux placée pour délivrer un stage bénéfique pour vos prochaines candidatures.
  •  Que me reste-t-il comme possibilités ?
    Il y en a d'autre c'est sûr et je ne les connais pas toutes. La solution la plus populaire dans votre cas est de choisir un Diplôme Universitaire, dit D.U
 Mais avant de choisir un D.U ou une institution pour un stage, il est obligatoire de s'assoir confortablement, de prendre une tasse de café, de mettre de la musique d'ambiance, et mettre votre cerveau en marche. Vous êtes en condition pour faire le point sur votre vie, sur votre vision de l'avenir, et pour vous mettre en phase avec votre projet professionnel.

J'ai pas eu de M2 : Episode 1

Catastrophe !! Le monde est prêt à s'écrouler sous mes pieds. Je n'apparais pas dans les listes d'admission du dernier Master 2 auquel j'ai candidaté. Que va-t-il se passer ensuite ?
C'est un moment difficile à vivre, et j'aimerais savoir pourquoi ? Tout d'abord, je pense immédiatement au fait que je n'aurai peut-être pas de seconde chance l'année prochaine pour intégrer un M2. J'ai peur qu'après tant de travail et de sacrifices donnés pour la psychologie, tout soit remis en question et n'aboutisse en fin de compte qu'à une réorientation en-deçà de mes ambitions. C'est un sentiment d'échec qui ébranle mon amour propre voire un sentiment de colère contre l'université, le système, même tous ceux qui sont "passés" (on ne sait pas vraiment comment n'est-ce pas ? ;-)). Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Il va falloir faire quelque chose de cette année qui s'annonce bien vide de projets. 

Si vous êtes dans ce cas, sachez que cet échec relatif n'est pas si négatif qu'il n'en parait a priori. Une année s'offre à vous pour vous étoffer, pour vous affuter, pour donner un sens plus concret à votre avenir, pour donner plus de sens à votre vie personnelle et intime. Vous trouvez sans doute cette affirmation bien optimiste et trop décalée de votre réalité, attristée par la nouvelle de non-admission. Ce que vous voulez c'est être psychologue en définitive, du coup ça ne vous avance pas beaucoup dans l'histoire tout ça... et pourtant.

Oui, vous partez d'un échec donc les choses ne sont pas roses en soi au début. Ce qui peut poindre sur le nez de l'étudiant ce sont les gros moments de blues, de la déprime voire de la dépression. Cela vient en grande partie de cette impression de vide qui envahit l'avenir (bien tracé depuis plusieurs années, auquel on s'est efforcé de croire malgré les incertitudes) et qui envahit peu à peu le quotidien. Difficile d'imaginer que des milliers d'étudiants vont faire leur rentrée et que soi-même on en a pas le droit, difficile de se motiver à remplir ses journées alors qu'on veut tout simplement être en cours, en toute quiétude, comme il en a été jusqu'à maintenant. Vous vivez en quelque sorte les affects du chômeur et cette situation est difficile à gérer pour tous. Alors que faire ? 1) Combler le vide 2) Combler le vide intelligemment
Premièrement, savoir s'entourer, ne pas se laisser tenter par l'isolement physique et relationnel. Votre famille, vos amis, vos camarades, peuvent venir vous voir plus fréquemment (mais pour cela il faut déjà que vous leurs ayez dit que vous en avez besoin). Leur présence est une chose qui ne résout rien pour votre avenir professionnel, mais, et c'est déjà beaucoup, elle vous donnera des forces pour établir et mettre en application votre stratégie pour l'année à venir. Dès la rentrée de septembre, le grand problème est le manque de rythme hebdomadaire. Il remplace brutalement les emplois du temps universitaires qui avaient l'avantage de bercer chaque trimestre. Si vos semaines ne sont pas programmées et sont dépourvues d'objectifs, ce peut être très dommageable pour le moral. Chaque soir, anticipez ce que vous avez à faire le lendemain. Chaque journée, fixez-vous un temps de travail effectif. Mais reste à savoir ce que peut être ce travail.

Il faut maintenant profiter de cette année pour qu'elle devienne, dans les faits et surtout pour vous, une valeur ajoutée à votre profil d'étudiant psycho futur professionnel et une source de satisfaction personnelle.

La solution la plus employée : ne pas tarder suite à l'annonce de non-admission à s'inscrire à une formation en psychologie ou explicitement complémentaire de votre cursus LMD. En effet, il faut avant tout vous dire que votre candidature a péché, quelque part, et il faut l'accepter même si vous vous y refusez encore, puis chercher d'où vient le problème. (Un appel téléphonique aux jurys de Master qui vous ont évincé de la course pourrait être une source de réponse bien appréciable, mais sachant bien que ces derniers sont légalement définis comme souverains et leurs décisions irrévocables. Cela vaut le coup d'essayer.)
Une fois que vous avez effectué cette recherche sur les lacunes de votre profil de candidat, il serait ensuite intéressant de mettre tout en œuvre pour les combler. Le prochain chapitre donnera une première piste : la recherche de nouveaux stages.

mardi 18 octobre 2011

Le jury de M2 : les enjeux du Mémoire de M1

Pour entrer en Master 2, vous devez constituer un dossier (État civil, Lettre de motivation avec description du projet professionnel, CV, résumé de TER, lettre d’appréciation, copies de tous les bulletins de note et diplômes Licence+M1). 
Plusieurs enseignants du département de psychologie se réunissent en jury pour étudier les dossiers qui leur parviennent par courrier, et ils ne retiendront qu'une petite quantité d'entre eux. 
Pour certaines facultés l'étape de sélection s'arrête là mais généralement les étudiants doivent passer une nouvelle épreuve : les heureux élus sont conviés dans un deuxième temps à passer un entretien avec deux membres du jury (ou plus). Voici mon point de vue concernant l'importance de la note de Mémoire pour l'entrée en M2.

Les critères de sélection de dossier tiennent compte de :
1) La note du TER (véritable filtre lors du recrutement)
2) La moyenne générale au M1 (voire aussi celle de la Licence, mais plus rare)
3) La cohérence du projet professionnel, Les notes aux différents stages, leur nombre
4) Les informations personnelles (passions, engagements, parcours) qui peuvent séduire / donner un plus.

La note au Mémoire de M1, ou TER, est donc déterminante pour qui veut devenir Psychologue via le parcours LMD classique.
Alors, quelle note faut-il pour avoir des chances de passer en M2 ? Il n'y a pas de barème universel mais la plupart des jurys semble avoir ce point de vue :
10-12 : note faible (peu de jurys, sauf cas très exceptionnels, acceptent ces résultats)
13 : note moyenne (la note la plus souvent attribuée, donc qui ne bénéficie pas du soutien de l'enseignant-correcteur, donc qui a peu de chances de séduire l'enseignant-recruteur)
14 : souvent la note minimale requise (cette note n'est pas pénalisante pour la plupart de vos candidatures)
15 : bonne note (bien vu par les jurys)
16 à 18 : notes brillantes (recherchées par les jurys)

Comment une seule petite note, portée sur une forme de travail inédite pour le Licencié, peut déterminer la survie d'un projet professionnel ? Une défaillance au TER serait donc rédhibitoire pour la suite, en dépit de l'implication et de la qualité du travail de l'étudiant les précédentes années ? Difficile à accepter à priori. Pourtant il semble que ce soit en premier lieu la logique mathématique qui soit retenue par les jurys pour faire leur choix. Comme la sélection qu'ils doivent opérer est drastique (plusieurs centaines de dossier pour une vingtaine de places), et que les dossiers se valent tous un peu quand même (chacun a ses propres qualités) il est plus rapide et moins pesant sur la conscience d'évincer la plus grande part des dossiers sur un critère "objectif". Enfin ce n'est que mon avis personnel, je n'ai jamais interrogé de membres de jurys à ce sujet. Une faculté parisienne écarte de façon systématique et informatisée tout dossier dont la note de mémoire est en dessous de 14. Cela a au moins le mérite d'être clair.

jeudi 6 octobre 2011

Psychologie du mal et mal de la psychologie

Un peu de romance pour commencer.
L'histoire commence lorsque, sur la Terre du Milieu, le magicien Gandalf le Gris découvre que l'anneau que possède le jeune Hobbit Frodon Sacquet, qui lui a été légué par son oncle Bilbon et qui lui permet de se rendre invisible, est en réalité l'Anneau unique recherché avidement par le seigneur ténébreux Sauron car il lui permettrait de recouvrer toute sa puissance. Afin d'éviter que Sauron ne récupère l'anneau, Frodon et ses huit compagnons, la Communauté de l'anneau, entament un périlleux voyage dans le but de le détruire. (http://fr.wikipedia.org)

Curieusement, l'histoire du seigneur des anneaux me fait penser à la relation entre le psychologue et la psychologie. Pardonnez-moi ce parallèle un peu grossier.

Le monde de la psychologie en France est entouré d'une mythologie et d'un dogme obscurs. Il flotte une atmosphère malsaine autour de l'objet psy, objet mystérieux et phallique, objet source de convoitise, de conflits, de trahisons, chacun cherchant à se l'accaparer au nom d'une théorie ou d'un courant de pensée unique. L'objet psychologie reste encore ancré dans l'imaginaire des gens comme un symbole du pouvoir et de la Connaissance.
Si par chance, vous, jeune Hobbit, touchez cet objet, vous commencerez à vous en servir pour le bien de l'autre, animé d'altruisme et autres sentiments humanistes. Il s'agira de faire preuve d'empathie mais toujours sous couvert d'une prise de recul suffisante afin de ne pas être dangereux pour la subjectivité de l'autre. C'est cela que vous a enseigné le Grand Maitre Gandalf. Puis, l'objet vous fouille en profondeur, il cherche en vous vos failles et vos aspirations les moins nobles. Les temps se noircissent et l'objet se pervertit. La prise de recul par rapport à l'autre se transforme progressivement, au fil du temps, en une prise de hauteur et une volonté de pouvoir sur l'autre. L'objet pourra être alors utilisé pour manipuler, pour discriminer, pour catégoriser, pour servir des projets mercantiles ou politiques. On comprend en fin d'histoire, que cet objet n'est ni plus ni moins que l'équivalent de notre Humanité avec toute l'ambivalence de bien et de mal qu'elle comporte.
Toujours poussés et effrayés par la peur de la castration, porter l'anneau psychologie, aux inscriptions très intellectuelles et bien-pensantes, nous permettrait de manière détournée de retrouver enfin notre illusion de toute-puissance, celle que nous avons malheureusement perdue petit enfant.

Revenons sur terre avec des mots plus simples. La psychologie est une discipline qui peut rapidement se greffer à votre vie et l'envahir, qui plus est quand vous vous intéressez à la clinique et la psychopathologie. Son objet d'étude étant l'homme et non pas quelque chose de matériel et bien défini, on se perd souvent dans des questions du type : pourquoi la psychologie ? Pour quoi la psychologie ? Pour qui la psychologie ? Pour eux ? Pour moi ?

La psychologie envahit, mais aussi écrase. L'étudiant qui, en plus de ses problématiques personnelles très actives à gérer, subit de plein fouet la pression universitaire (sélection, compétition, performance, dévalorisations), peut très rapidement étouffer et se perdre lui-même. C'est selon moi une raison de nombreux abandons en cours de cursus.
Combien de fois me suis-je fait surprendre à ne pas fermer psychiquement les portes de mon bureau et à ramener chez moi le soir les problématiques et les questionnements de mon travail ? Quand s'arrête donc cette activité cérébrale de vouloir toujours tout comprendre ? Ces questions sont transversales aux registres du travail et de l'intime... qu'il est souvent difficile de séparer les deux ! Cette séparation, il nous faut nous l'imposer car cela n'est écrit ni enseigné nul part. Prenez du temps pour vous, inscrivez-vous au sport, à la musique, à la danse, vivez vos autres passions pleinement, entourez-vous d'étudiants et amis suivant d'autres disciplines (votre bol d'air frais), impliquez vous dans une association autre qu'altruiste, etc. Dans tous les cas, vous avez forcément du temps de libre, utilisez-le à bon escient.


lundi 3 octobre 2011

Le manque de lien université / milieu professionnel

C'est sans doute un symptôme répandu dans tout le champ des sciences humaines. L'université n'est pas concrètement un pont vers l'emploi. Cette fonction n'est remplie qu'au moment du Master 2 et il me semble que c'est bien trop tard ! Certaines formations recommandent de faire des stages dès la deuxième année mais pourquoi n'est-ce pas comme cela partout ailleurs ?
Le métier de psychologue est un métier de contact, de rencontre, d'échange, et la formation classique en psychologie illustre tout l'inverse par des enseignements toujours formels, magistraux et internes. On constate encore trop peu d'intervenants extérieurs en cursus Licence (psychologues, directeurs de centres, recruteurs, etc.), ceux-mêmes qui pourraient tant apporter à un étudiant en termes de motivation, de connaissance du métier et de ses réalités. Une plus grande ouverture vers l'extérieur permettrait de limiter les erreurs de parcours.
Dans la même idée, pourquoi souvent aucune information sur l'actualité de la discipline n'est diffusée dans les facultés ? Je pense aux innombrables colloques en psychologie proposant aux étudiants des débats / échanges / enseignements avec des professionnels de haute qualité, tout cela à des tarifs abordables à moitié prix.

Petit conseil : dès votre inscription en L1, abonnez-vous à un magazine spécialisé en psychologie pour rester à la page et ne pas vous reclure dans le monde factice de l'université. En exemple parmi tant d'autres : le Journal des Psychologues, qui tient chaque mois un agenda des colloques en France et à l'étranger.

Lien complémentaire : Les Entretiens Francophones de la Psychologie (Paris)

Garder la motivation

Garder la motivation, car les occasions de découragement ont été nombreuses pendant mon cursus.

Il faut dire tout haut que l'université ne choie pas ses petits, encore moins ne les soutient quand ils éprouvent des difficultés. Sa position est ambigüe. Elle a besoin d'un maximum d'inscriptions pour faire le plein d'argent - c'est l'appât du gain - mais elle attend le dernier moment (avant la dernière année) pour se mettre en cohérence avec les réalités du marché de l'emploi : il y a bien trop d'étudiants titulaires d'un Master 1 en fonction des perspectives d'embauches en France.

Cette triste avarice dessert l'avenir de beaucoup de jeunes. Subissant du coup l'énorme écrémage des sélections en Master 2, nombreux sont ceux contraints à mettre fin à leur projet de psycho, à leurs années d'étude et d'efforts, malgré un 12, 13, 14 ou voire même 15 de moyenne générale en Master 1 ! Par son silence au fil des années, l'université laisse implicitement croire aux individus qu'ils ont des chances de devenir psychologue, puis elle n'a aucun remord à en évincer la majeure partie, sans seconde chance et sans perspective professionnelle. Car en effet, la plupart des jurys ne donne pas l'occasion à celui qui a connu un échec de représenter sa candidature l'année suivante. De plus, même après 4 années validées en psychologie, les connaissances accumulées ne sont pas valorisables dans le marché de l'emploi actuel. Quel gâchis !

Il y a des facs où le système est encore plus pervers. Par exemple, à l'université d'Angers le parti pris est de favoriser les candidatures de l'extérieur pour l'intégration en Master 2, cela en défaveur de celles des étudiants formés chez eux ! Une hérésie soutenue par des motifs d'élitisme. D'un cynisme insupportable, le sourire en coin, le responsable du Master avertira ses étudiants : "Postulez partout en France car vous n'avez presque aucune chance de rentrer dans notre Master. Il est national, donc on prendra les meilleurs." Seulement, ailleurs, les facs ont le raisonnement inverse...
Préconisation n°2 du Rapport HETZEL (2006) : Informer les étudiants des taux de succès dans la formation qu’ils choisissent (taux de réussite sur 3 ans).
Dès la prochaine campagne d’inscriptions en juillet 2007, les universités auront l’obligation légale de faire figurer cette information sur le dossier d’inscription de l’étudiant. En effet, il est essentiel que les étudiants soient mieux informés sur les taux de succès dans les formations car cela sera de nature à leur permettre de choisir en toute connaissance de cause. Il est important que les universités intègrent le droit à l’information et à la transparence de leurs futurs étudiants.
[Note : je n'ai jamais vu ça nul part !!]
Le principe de l'université est : tout le monde peut s'inscrire dans ce qu'il veut. Très bien. Mais si 600 étudiants s'inscrivent en première année de psychologie alors que l'université sait pertinemment qu'elle n'en sacrera que 20 d'entre eux, pourquoi ne pas sélectionner drastiquement chaque année dès la L1 ? Le parcours psychologie sera sans doute plus difficile dans la durée mais les cartes seront sur table dès le début et les sélections plus justes car appliquées sur les capacités démontrées par l'individu.
Je dis "plus justes" car la sélection actuelle qu'opère les jurys M2 reste particulièrement obscure. Question : comment peut-on sélectionner 20 personnes sur plus de 400 candidatures de jeunes super motivés dotés de bonnes notes ?
Réponse 1 : à la tête (je favorise la petite qui me plait ou le fils de machin)
Réponse 2 : élimination mathématique (système de seuils ou sélection sur la note du mémoire, non représentative d'un travail universitaire continu d'au moins quatre ans)
Réponse 3 : retourner le stress, pourtant légitime, des candidats contre eux (pourtant gérer son stress c'est le travail de toute une vie)
Réponse 4 : de manière honnête (bon courage car c'est presque impossible)

Sachant tout cela, si vous voulez réussir il faut vous armer en vous informant. Ne vous démotivez pas car la démotivation est souvent le fruit d'un long et insidieux travail de sape opéré par l'université et les enseignants-chercheurs frustrés ou pervers. S'aidant copieusement de leur statut, il est facile pour eux de blesser le narcissisme d'un étudiant qui n'est pas encore un professionnel : jugements de valeur, critiques acerbes, intimidation ou indifférence, etc. Ne vous laissez pas avoir par ce jeu, vous travaillez pour vous et non pour eux, vous êtes unique, vous avez forcément de la valeur et l'être humain n'est pas une machine, il doute pour se construire et grandir.

Lien complémentaire : http://www.letudiant.fr/etudes/fac/la-verite-sur-15-filieres-14088/psycho-40-dabandons-17220.html

dimanche 2 octobre 2011

Trouver des stages

Gros sujet. État des lieux :
* Il y a peu d'offres de stage pour les étudiants psycho
* Les institutions n'ont pas les moyens ou ne se donnent pas les moyens de rémunérer les stagiaires psychologues (vous entendrez peut-être : "avoir un psychologue est un luxe, avoir un stagiaire psychologue c'est plus que ça")
* Un stage pertinent pour élaborer un bon CV est un stage en cohérence avec son projet pro. Donc cela pousse à chercher le "bon" stage et donc cela restreint encore d'avantage l'éventail de lieux de stage.

Alors, comment trouver un stage ?

Il y a la méthode classique : éplucher internet pour faire la liste de tous les établissements en concordance avec votre spécialité, les appeler un à un pour savoir s'ils ont un psychologue et acceptent les stagiaires, puis envoyer des lettres de candidatures (CV + lettre de motivation).
Ça marche... des fois.

Et sinon il y a la méthode pro, la plus difficile et celle qui prend le plus de temps : c'est votre réseau professionnel qui vous informe et vous oriente. Qui peut faire partie d'un réseau pro d'étudiant ? Un ami de la famille lui même psychologue, un ami de la famille qui travaille avec un psychologue, le maitre de stage d'un précédant stage, un enseignant-chercheur avec qui on a sympathisé (bon courage^^).
Bien entendu, plus vous faites de stages, plus il devient mathématiquement facile d'en trouver.

Si, comme cela l'a été pour moi, vous n'avez aucun réseau au sortir de L2, ça va être plus compliqué. Il vous faut du courage, de la motivation et vous donner les moyens d'aller à la recherche de lieux de stage paumés (rase campagne ravitaillée par les corbeaux). C'est simple, plus c'est pénible pour y aller, moins vous aurez de concurrents, et plus les institutions seront tentées de se doter fièrement d'un premier stagiaire-psycho ;-) Pour être psychologue, il faut le vouloir.

Le Master de Psychologie (ex : le parcours clinique)

Oui je parlerai surtout de ce que je connais, c'est à dire le parcours clinique que j'ai pu suivre il y a encore peu de temps. (Le parcours clinique est un des parcours les plus tortueux)
Si des collègues psychologues issus d'autres spécialités peuvent témoigner de leur expérience, ce serait un plus indéniable pour ce billet.

Les deux années de Master sont cruciales pour l'avenir de l'étudiant psycho pour deux raisons simples : Réussir le Master est une condition sine qua non pour devenir psychologue, et l'échec à l'admission en Master 2 peut être rédhibitoire pour la poursuite et la fin du parcours. Combien d'étudiants ont été éjectés du circuit, sans pitié, car ils n'ont pas fait partie des "élus" en Master 2 ! Certains parlent de Loi de la Jungle, je n'irai pas jusque là, mais il y a un peu de ça quand même.

L'important c'est que l'étudiant s'informe de lui-même des règles du jeu, car on ne les lui confiera pas. Au contraire, tout cela sert à évincer de la course les personnes les moins dégourdies. (si vous lisez ce blog, vous ne faites pas partie de celles-ci ^^)

Quelles sont donc les règles du jeu ?

Les explicites : réussir ses partiels en ayant de bonnes notes et donc en apprenant bien ses cours, être motivé et régulier. En somme, rien de neuf par rapport à la Licence.

Les implicites :
  1. Gonfler son CV psycho pour étoffer sa future candidature d'admission en M2
  2. Commencer un travail de réseau
  3. Bien se faire voir auprès des enseignants-chercheurs et directeurs de Master
  4. Construire au plus tôt un projet professionnel cohérent auquel on croit
Pour ce faire, je conseille fortement à tout apprenti psy de trouver un maximum de terrains de stage, et au plus tôt ! C'est un conseil qu'il est rare d'entendre dans les amphis. Parfois les enseignants rechignent même à pousser leurs étudiants Licence à la recherche de stages car, comme ces stages sont peu nombreux, ils préfèrent les réserver aux étudiants Master pour lesquels avoir un stage est une obligation. Mais ne vous laissez pas avoir, si par malheur vous n'avez qu'une expérience de stage (celle demandée pour valider le M1) lors des candidatures M2, vous serez probablement dans les choux.

    Réussir ses examens (2)

    Les examens en Licence requièrent essentiellement une bonne méthodologie de travail, l'attendu étant majoritairement de la récitation de cours par cœur bien plus que de la réflexion à proprement parler.
    Les notes de Licence n'auront pas d'impact sur l'avenir professionnel de l'étudiant, ou très peu. Pour autant, une mention en Licence (Bien ou Très Bien) pourra servir à étoffer la candidature pour intégrer un Master 2, si exigeant et donc sélectif.
    Les examens de Master quant à eux cernent plus les compétences de l'étudiant à appréhender sa spécialité (clinique, neuropsychologie, sociale, cognitive, comportementalisme, travail, santé, etc.). Le Master étant par essence les deux dernières années d'études avant l'entrée dans le monde professionnel, l'optique de l'université est de favoriser la réflexion et l'implication de l'étudiant sur des thèmes proches de la réalité actuelle du terrain.
    Paradoxe idiot du parcours psychologie, c'est l'étudiant "pro" avant l'heure qui aura le privilège de devenir pro ! Je m'explique : lors du moment couperet des recrutements en Master 2, le jury d'admission attendra du candidat des capacités proches de celles d'un psychologue comme une connaissance des réalités du terrain et des problématiques actuelles, ainsi que son inscription dans un projet professionnel réaliste et étayé par une expérience propre. Et comme la première année de Master reste très scolaire, si l'étudiant restreint sa formation uniquement sur les bancs de cours... il risque fort de se planter !
    Il me semble qu'en Master, il est nécessaire de se "cultiver en psycho" le plus possible en dehors des heures de cours. Cet élément est si important selon moi que je lui dédierai une note à part entière.

    mercredi 6 juillet 2011

    Réussir ses examens

    Les examens (ou partiels) de psychologie doivent être en général réussis pour que l'étudiant puisse valider son année. Je dis en général car la plupart des facultés permet le système de compensation entre les différentes Unités d'Enseignement : en exemple, un 7 obtenu au premier semestre peut être compensé par un minimum de 13 au second semestre. La moyenne des deux semestres étant alors de 10, ceci permet à l'étudiant de passer au niveau supérieur.

    Les partiels de psychologie en Licence sont de difficulté normale en comparaison des autres filières universitaires. Toutefois, lors des deux premières années, il n'est pas rare que les enseignants aient recours à des examens sur QCM (questions à choix multiple) qui permettent d'écrémer rapidement les étudiants. Les QCM nécessitent rarement la réflexion mais presque toujours la restitution d'éléments de cours appris par cœur. Plusieurs de mes camarades de L1 et L2 ont échoué leurs examens à cause de détails de ces QCM mais je reste persuadé qu'ils/elles auraient pu passer leurs examens dans d'autres conditions. Ils avaient selon moi le niveau pour aller plus loin dans leurs études.

    Les méthodes pour réussir ses partiels de Licence de psycho sont à peu de choses près les mêmes que pour les autres Licences (en Master c'est un peu particulier). Il n'y en a pas une meilleure qu'une autre, mais certaines sont plus adaptées au style d'apprentissage de l'étudiant.

    samedi 29 janvier 2011

    La découverte de la psychologie : attentes et déceptions

    Cela n'a de secret pour personne, on ne commence pas des études de psychologie par hasard, et encore moins quand on continue dans cette voie. L'humanisme c'est bien, l'altruisme aussi, la sollicitude encore mieux, mais pour la plupart d'entre nous la psychologie devait surtout, a priori, nous aider personnellement. Elle devait être en capacité de répondre à certaines questions intimes, enfouies, peu définies. Si l'on m'apprend comment comprendre l'autre, peut-être pourrais-je ainsi me comprendre. 
    Tout début de cursus s'accompagne d'attentes, voici les miennes il y a plus de six ans.

    A moins de connaître de plus ou moins loin le monde psy, il est difficile de savoir de quoi il s'agit vraiment. A mon entrée en première année, le psychologue était pour moi un spécialiste à l'égal du médecin, du biologiste, de l'ophtalmologiste, etc. En somme, un puits de savoir qui applique le remède adéquat aux différents maux des gens, de façon précise et éclairée. Cinq ans ce sera long, et j'aurais le temps d'apprendre un maximum de choses pour enfin aider et soigner ceux qui souffrent.

    Mais la psychologie a cette particularité déconcertante de n'apporter aucune réponse si ce n'est que des concepts qui se contredisent les uns les autres et qui se basent sur des axiomes tous discutables. Aucune vérité donc mais l'apologie du doute et du questionnement. La psychologie n'est pas une science au même titre que les autres métiers précités, c'est une science de l'homme, une science de la réalité des êtres plus que de la réalité des choses. Exemple : parlons de l'inconscient. Monsieur tout le monde sait à peu près ce que c'est, il en parle librement : "c'est inconscient", mais il ne se doute pas que le concept d'inconscient fait débat depuis des dizaines d'années entre les psychologues. Car il n'y a pas une mais des psychologies, l'inconscient n'aura pas la même valeur d'un professionnel à un autre. Soit il est psychodynamiste et se basera sur les phénomènes inconscients pour comprendre le psychisme humain, soit il est cognitiviste et aura une toute autre conception de l'inconscient, soit il est comportementaliste et le niera tout bonnement au profit d'autres concepts pertinents, etc. 
    La première année présente toutes les différentes disciplines de la psychologie, parfois au sens d'une initiation et effectuée par des enseignants-chercheurs qui prêchent pour leur chapelle. Certains d'entre eux sont tellement convaincu du bien-fondé de leurs théories qu'ils n'hésitent pas à faire croire aux étudiants qu'elles ont valeur de vérité : cela pourra rassurer l'étudiant curieux et avide de belles réponses, mais malheureusement la vérité en psychologie est une totale ineptie ! 
    En référence à son code de déontologie, le psychologue a le choix de ses outils, comprenez de ses théories. Comme la psychologie se base sur des théories contradictoires, le psychologue est constamment confronté au doute et à la remise en question de ce qu'il sait ou croit savoir. (un peu de philo : on a toujours le droit de croire, à condition que l'on évite l'illusion de croire que l'on sait ; c'est à dire que l'on sache que l'on croit)
    Donc en résumé, point de vérité universelle dans ce monde psychique mais des modèles de pensée tout discutables et extrêmement discutés.

    Autre point : la précarité de la profession. La plupart des psychologues d'aujourd'hui doivent faire avec des temps partiels : mi-temps, quart-temps, voire 20%, 10%, etc. ! Selon les conventions et le secteur d'emploi, les psys sont souvent mal payés et leurs postes menacés de suppression. Pourtant, on pourrait penser que ce monde fou ait toujours besoin de plus de psychologues ? Eh bien ça ne se ressent pas de notre côté. Le chômage est une réalité des nouveaux diplômés et la sélection est de plus en plus dure dans les mondes professionnel et universitaire.

    Il est inutile d'alourdir le tableau d'éléments négatifs supplémentaires mais ce sont je pense des choses dont il faut prendre conscience très tôt, avant même de commencer ses études. La moitié des étudiants inscrits en L1 quittera le circuit à la fin de l'année ou dès le premier semestre.

    Les principaux écueils de la formation

    Chaque année, vous êtes des centaines voire des milliers par faculté à vous lancer dans un cursus LMD de Psychologie. Près d'un étudiant sur deux échoue en première année. Seulement moins d'une centaine d'étudiants pourra passer l'ultime sélection pour accéder à la dernière année. Donc, moins de 10% de réussite... ce qui est très peu mais n'est pas inaccessible. Si vous avez la motivation en fer de lance, c'est un bon début.
    Je vais tenter de présenter de façon très synthétique les obstacles classiques en formation psycho (mais que l'université aime à garder secret). Les pages arriveront petit à petit.

    Étape 1 : La découverte de la psychologie : attentes et déceptions
    Étape 2 : Réussir ses examens
    Étape 3 : Garder la motivation
    Étape 4 : Trouver des stages
    Étape 5 : Le Jury de M2 : les enjeux du Mémoire de M1
    Étape 6 : Accéder au Master 2
    Étape finale : Devenir psychologue et le rester

    Posez vos questions

    Cela peut prendre la forme de conseils techniques ou d'orientation, d'aide aux révisions de partiel ou par rapport à des expériences de terrain. N'hésitez pas à poser vos questions, nous essaierons d'y répondre.

    L'aller-retour théorico-clinique

    Cet article s'adresse particulièrement aux étudiants de L1 à M1

    En Master 1, un stage de terrain est généralement imposé aux étudiants. En psychologie clinique notamment, il doit se dérouler dans une institution avec un psychologue référent. Le premier stage s'avère souvent difficile pour ceux et celles qui ont été bercés jusqu'alors par trois années d'amphi aux lumières tamisées : de la théorie à la pratique il n'y a qu'un pas ? Mmmh pas si sûr !
    La psychologie a cette particularité que son objet d'étude, l'être humain, n'est jamais totalement prévisible. Il peut même mettre en cause les certitudes du chercheur et encore plus celles du tout frais stagiaire. En tant que psychologue, nous sommes souvent déstabilisés par nos patients/sujets qui nous plongent dans le doute ou la sidération. Malgré nos années de formation, nos milliers de pages de cours écrites à la force du poignet, nous sommes parfois, voire souvent, en incapacité de comprendre ce qui se passe devant nos yeux, ni la façon dont nous réagissons ou devrions réagir face à cela.
    C'est à ce moment que l'aller-retour théorico-clinique prend son sens : gardons notre questionnement dans un coin de notre tête et replongeons notre nez dans une bibliothèque. Trouvons le thème correspondant à la situation problématique que nous venons de vivre et interrogeons la théorie. Au fil de nos lectures sur le sujet, il nous sera possible de prendre un recul suffisant sur ce que l'on a vécu, d'y mettre des mots, d'y mettre un sens, voire un concept / une théorie. La prise de recul est tout aussi essentielle dans notre métier que notre capacité d'empathie. 
    Armés d'une nouvelle compréhension de la situation problématique, nous pouvons maintenant repartir sur le terrain et poursuivre notre travail. Pratique, théorie, pratique, théorie, c'est l'aller-retour qui fonde l'accès à de nouveaux savoirs, mieux, à de nouvelles connaissances, c'est-à-dire des savoirs vécus personnellement. 

    Ce sachant, l'on peut différencier deux types d'étudiant en psychologie clinique (cela peut comprendre d'autres disciplines de la psycho) : celui sans expérience de stage dans ses bagages qui a emmagasiné des kilos de savoir et se prépare à les appliquer sur le terrain comme un médicament intellectuel ; et celui confronté au terrain qui est conscient que son savoir n'a d'importance qu'à partir du moment où il a été vécu et a pris du sens au contact de l'autre. Cette remarque peut paraitre bien jolie et légère, pourtant nombre d'entre vous ont déjà pu entendre :
    " On ne devient pas psychologue une fois le diplôme en poche, on commence à apprendre le métier une fois en fonction "
    C'est pourquoi je conseillerais à tout étudiant de commercer ses expériences de stage au plus tôt. Dès qu'il lui est possible, c'est à dire dès maintenant : L1, L2, ... 
    Je suis conscient que ce n'est pas du tout dans l'air du temps en Licence, période où l'on attend seulement que vous réussissiez vos partiels et glaniez au mieux des mentions pour être tranquilles. Si vous ne faites pas de stage en Licence, vous serez comme moi et la majorité des étudiants mis au pied du mur lors de vos candidatures prochaines et déterminantes pour accéder au titre de psy : candidatures de stage M1 / M2 et surtout entretiens de sélection pour accéder au Master 2 (60 à 90% de recalés chaque année !!!).
    Aussi il est très difficile de trouver un stage en Master 1 en raison de l'afflux considérable de demandes (c'est l'année du premier stage obligatoire, l'année de la compétition), donc mieux vaut prévenir le problème et gonfler son CV pour se placer en tête des candidats.

    samedi 22 janvier 2011

    "T'as lu combien de bouquins toi ?"

    Particulièrement dans le parcours Licence, les enseignants ont pris l'habitude de donner à leurs étudiants une liste d'ouvrages en lien avec le sujet de leur cours. Elle doit permettre à l'étudiant d'aller plus loin que ce dernier, qui n'est finalement qu'une retranscription ultra-synthétique du contenu de tout ce qu'a pu lire l'enseignant. Retranscription, car pour un même livre on peut en faire plusieurs lectures et différentes compréhensions.
    La bibliographie peut parfois être tant intéressante que conséquente, à tel point que cela peut décourager d'emblée l'étudiant qui a déjà du mal à travailler ses cours en termes de motivation, d'organisation, de disponibilité, etc.

    Alors que j'étais en première année, mes premières questions devant les énormes listes étaient du genre : Il faut lire tout ça ? C'est vraiment indispensable de lire des bouquins alors que les cours sont déjà bien longs et détaillés ? Quels livres je devrais lire en priorité ? Arrive-t-il que les partiels portent sur le contenu de bouquins ? Faut-il en acheter certains ? etc.
    Bref, la plupart des réponses des enseignants étaient, en gros, "faites le maximum que vous pouvez". Mais bien sûr Monsieur ! Je pense que c'est le premier élément de la pression implicite du parcours psycho, dont je parlerai plus tard et plus en détail.

    Comment l'étudiant peut réagir ?
    1. Je ne lis rien et je me concentre sur les notes prises en cours
    2. Je lis ou je survole si ça m'intéresse vraiment, (donc rarement...)
    3. Je lis un bouquin ou plus si j'ai le temps, au mieux en faisant une fiche de lecture
    4. Je lis tout et prends le temps pour
    Après sept ans passés dans le circuit, il me semble évident qu'il ne faille pas TOUT lire. Pourquoi ? 
    D'une part car ce serait trop de temps pris sur votre temps personnel : vous n'êtes qu'étudiant ! L'étudiant étudie certes, mais vous n'êtes pas réduits à votre statut et vous avez tout autant intérêt à économiser une bonne partie de votre temps hors-cours pour participer à des activités sportives / ludiques / artistiques ou au pire ne rien faire ! (à ne pas prendre au pied de la lettre non plus ;-)) C'est ce que j'expliquerai à l'avenir, les études de psycho peuvent avoir tendance à vous écraser...
    D'autre part, la lecture d'ouvrages prendra tout son sens et son intérêt seulement lors de vos premiers stages ou travaux de recherche. Par exemple : vous retrouverez le mot bibliographie en Master quand vous devrez réaliser un mémoire de recherche (TER). A la fin de votre travail, vous insérerez obligatoirement toutes les références auxquelles vos écrits se rattachent. Cela implique à ce moment que vous ayez lu ces bouquins, plus ou moins rapidement, mais dans une optique de recherche précise sur un thème précis que vous avez choisi personnellement, en cohérence avec votre spécialisation professionnelle actuelle. En somme, le temps pris pour lire tous ces livres était investit de manière éclairée et orientée : je lis celui-ci car j'en ressens le besoin, et car il va me permettre ceci exactement.
    Dans ce cas du travail de recherche, lire un maximum d'ouvrages est alors obligatoire et on comprend l'histoire d'amour entre les enseignants-chercheurs et le mot bibliographie ; dans le cas de cours dispensés à la Fac, notamment en licence où l'étudiant tâtonne plus ou moins en ce qui concerne son avenir pro, il me semble que le livre est pour le moment un support de découverte, de prise de recul et d'appropriation du point de vue de l'auteur. Appelons un chat un chat, lire de la psycho est quelque chose de désagréable tant la syntaxe et le vocabulaire sont opaques et scientifiques. Ne soyez pas forcés. Il serait bête de se dégoûter de la discipline de cette manière !

    Je souhaiterai terminer ce message en abordant l'intérêt du livre, plus tard, quand l'étudiant sera mis en contact avec la population de son choix, notamment en période de stage (selon les Facultés : souvent à partir de la quatrième année, rarement avant). Tout comme le professionnel, le psychologue stagiaire est souvent mis en difficulté par rapport à ses expériences de terrain. Il peut se trouver en face de situations étranges, inexplicables, qui le mettent en défaut. Le psychologue DOIT ne pas rester dans cette posture et, pour ce faire, il lui faut trouver hors de lui d'autres pistes de réflexion : le collègue professionnel et compétent, l'article ou l'ouvrage scientifiques en lien avec la problématique, etc. Cela constitue le premier pas de l'aller-retour théorico-clinique auquel j'ai accordé tout un chapitre.

    Ouverture

    Je ne sais pas encore exactement ce que sera le contenu de ce blog (bloc en français). Ce qui me motive en ce moment réside dans l'idée d'aider les futurs et actuels étudiants qui se lancent dans des études de psychologie à faire leur chemin d'une manière plus éclairée et moins tortueuse qu'il en a été pour moi. Les études de psychologie sont difficiles, et encore plus pour certains. Les soutiens sont rares, encore moins pour l'étudiant psy en début de parcours.
    Bien sûr je n'ai ni l'expérience ni le savoir suffisants pour faire des cours ou apporter des recettes miracle, mais ce site pourra sans doute sortir quelques uns du brouillard dans lequel la fac peut parfois nous plonger insidieusement.